Méduses

Méduse
Bienvenue sur la page des Méduses
(english version here)


L’espèce de méduse qui a inspiré celles de l’animation se nomme Mastigias. Pour être précis, l’inspiration provient de cette photo prise par Mark Laita:
 

Mastigias


Il y a de nombreuses espèces de Mastigias mais celles qui m’ont particulièrement fasciné sont celles qui vivent dans un lac des Palaos. Dans un vieil article de SSAFT, je vous racontais qu’en république des Palaos, dans l'océan pacifique, quelques îles se sont refermées sur des parcelles d'océan et forment en leur centre des lacs dans lesquels sont emprisonnés divers animaux.
 

Jellyfish_Lake_aerial_nps_crop
Cela crée alors des micro-écosystèmes où souvent certaines espèces, moins menacées par des prédateurs, voient leur taux de natalité exploser. Très vite, la sélection naturelle va entraîner de profonds changements morphologiques par rapport à l'espèce initiale. C'est exactement ce qui est arrivé sur une de ces îles, Ongeim'l Tketau, où une espèce de méduse, Mastigias papua, a été isolée dans un lac il y a 15000 ans. Cette isolation leur a été particulièrement bénéfique...

 

 

Mastigias papua
Mastigias papua

 

 

 

Le lac aux méduses d'Ongeim'l Tketau
 
Lac aux méduses, Mastigias papua


"Mais qui sont les grands malades qui se sont baignés parmi ces méduses pour rapporter ces images?" pourriez-vous vous demander... Et bien ce sont des touristes plongeurs, comme vous et moi, sans combinaison, même... Et oui, car les cellules urticantes de ces méduses (les nématocystes), certainement dû à l'absence de prédateurs ou de grosses proies, sont devenues minuscules et totalement inoffensives pour l'homme. Ce qui est moins inoffensif, c'est le rejet d'hydroxyde de soufre des populations de bactéries qu'on peut trouver dans les tréfonds de ce lac (qui peut atteindre plus de 20 mètres de profondeurs). En s'adaptant à ce nouveau milieu, la morphologie de cette espèce de méduse s'est peu à peu éloignée de celle de l'espèce existant dans l'océan. Puisqu'il existe plusieurs lacs du même acabit que celui d'Ongeim'l Tketau dans les îles Palaos, mais qui se sont refermés à des temps différents (entre 5000 et 15000 ans), on peut comparer 5 différentes populations de méduses existant près de ce lieu, et entrevoir les étapes probables de ces changements menant d'une espèce vivant dans l'océan à celle vivant à Ongeim'l Tketau.


J'avoue avoir toujours eu du mal à apprécier ces représentations des transitions morphologiques, puisque celles-ci suggèrent que l'évolution mène vers un destin précis, qu'elle a un sens. Donc rappelez vous bien que l'image représente 5 sous-espèces différentes, et qu'à priori, l'une d'entre elle pourra plus tard paraitre totalement différente de celles d'Ongeim'l Tketau.


Mais il n’y a pas que de Mastigias comme méduse et j’ai parlé de plusieurs autres espèces sur le blog, comme par exemple cette espèce de méduse géante: en effet les japonais s'enorgueillissent (j'ai mis une bonne minute à me rappeler de la bonne orthographe de ce mot...) de posséder des méduses parmi les plus grosses au monde, j'ai nommé les Nemopilema nomurai ou méduse de Nomura (Echizen Kurage pour les japonais). Forte de son joli tour de taille de 2 mètres de diamètre et un poids de 220 kilogrammes, cette méduse nippone n'a rien à envier aux sumos (elle possède en plus une prise secrète pour paralyser son adversaire, ces nématocystes capable de provoquer des lésions très douloureuses et qui peut être létale pour des nageurs pris de suffocation)...

echizen_kurage_07.jpg
echizen_kurage_07_1.jpg

 

Nemopilema nomurai

 

Paradoxalement, la titanesque méduse a commencé son parcours en n'étant pas plus grande qu'un grain de riz. C'est l'occasion rêvée pour s'étendre un peu sur le cycle de vie des méduses:
 

 


Bien souvent, nombreux sont ceux qui imaginent que les méduses sont l'unique forme que peuvent adopter ces organismes. Bien que ce soit vrai pour certaines méduses, la grande majorité d'entre elles possèdent un cycle de vie complexe où la forme "méduse" ne constitue que la forme sexuée de l'animal (celle qui est capable de relarguer des gamètes mâles ou femelles pour réaliser la reproduction sexuée). Après reproduction, les gamètes réalisent la fécondation et donnent rapidement une petite larve qu'on appelle planula. Cette petite larve ciliée va nager jusqu'à rencontrer un socle solide sur lequel elle va se métamorphoser pour donner un polype, une forme fixe reliée au support par un pédicule et qui se nourrit en filtrant l'eau à l'aide de tentacules. D'ailleurs voici le polype de Nemopilemai nomurai:


 

Il paie pas de mine, hein?


C'est à partir d'un polype que les méduses vont se former, par un phénomène qu'on appelle la strobilation (un phénomène qui vaut le coup d'œil alors jetez-en un ici, et .) Le passage de polype à méduse est peu compris par la communauté scientifique et semble varier entre espèces et selon les conditions environnementales. Pourtant, de nombreuses équipes scientifiques japonaises se sont penchées sur le cycle de vie de Nemopilemai nomurai. Pourquoi un tel engouement? Et bien en 2002, 2003, 2005 et 2007, des nuées de méduses géantes ont envahi les eaux japonaises, provoquant des ravages pour la pêche locale et pouvant parfois blesser les pêcheurs. Jugez plutôt:
 


Les pêcheurs utilisent des bambous pour pousser les méduses géantes hors d'un filet de pêche. Normalement, un pêcheur peut attraper une ou deux méduses géante par semaine, mais au cours des années de pullulation il peut en capturer plus de 1000 dans un filet


Face à ces invasions, les japonais essaient d'une part de comprendre et de prévoir les futurs marées de méduses, mais pensent aussi à un moyen de convertir cette calamité en aubaine. D'ordinaire, les japonais ne rechignent pas à déguster des méduses, mais il semble que les qualités gustatives de Nemopilemai nomurai soient assez médiocres. Une solution avancée a été de promouvoir une glace au goût totalement inédit!


C'est quand même tragique qu'un organisme aussi beau pose autant de problèmes... (bizarrement, ça me donne envie de sushi toute cette poésie marine!)


Sur SSAFT, j’ai même parlé de méduse robotique: AquaJelly et AirJelly!


Air et Aqua Jelly Fish


D’abord le modèle aquatique:
 

AquaJelly


AquaJelly consiste en une hemisphère translucide munie de 8 tentacules pour se propulser. Chaque AquaJelly possède un microprocesseur qui en font des robots indépendants, régis par des règles de comportements simples. Elles sont également composées d’une batterie rechargeable. Quand on plonge plusieurs AquaJelly dans une piscine dont les coins sont munis de stations pour se recharger, les robots vont se répartir dans l’espace de manière à optimiser leur accès à ces stations et minimiser les risques de collisions.

 

 

AirJelly

 


Passons maintenant à la version aérienne de ces roduses (robot-méduses). Le principe de l’expérience était simple: si les méduses étaient gonflées à l’hélium, pourraient-elles voler? Alors bon, moi je ne vois pas pourquoi ils n’ont pas cherché à créer des méduses transgéniques volantes et pourquoi ils se sont contentés de cette vulgaire copie mécanique… m’enfin bon, ça reste joli!
 


Et assez peu couteux en énergie puisque l’ensemble, pesant 1,3 kg, ne nécessite que deux batteries lithium de 8V!

Bref, vous l’aurez compris, ma passion pour les gélatineuses bestioles est sans borne, en témoigne les nombreuses images et vidéos que j’ai collecté sur le web ou durant mes visites d’Aquarium à travers le monde (New England, Monterey par exemple):
 

Méduse noire géante, Chrysaora achlyos

 

Chrysaora colorata


Chrysaora fuscescens

 

 

Ajouter un commentaire

URL de rétrolien : http://ssaft.com/Blog/dotclear/?trackback/697

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.


2270-4027