Science

Une méthode scientifique pour devenir le roi du dancefloor?

Si on en croit les clichés et même quelques données statistiques, sexe et science ne font pas très bon ménage. Il paraît en effet difficile de concilier le prétendu sacerdoce de la vie de chercheur/thésard et le jeu complexe de la séduction. Pourtant, la science s’intéresse de près aux mécanismes de parade amoureuse et de sélection sexuelle. Elle peut même vous aider à séduire en vous révélant quelques secrets qui feront de vous le mâle idéal… en apparence.

 

 

La sélection sexuelle chez l’humain

 

Dans le monde animal, le choix d’un partenaire sexuel (par les femelles) est souvent motivé par l’ornementation des (mâles) prétendants. Ainsi, un grand succès reproductif sera attribué à celui qui aura la plus grosse (crinière), la plus longue (corne) ou même la plus colorée (plume), tous ces critères étant des indicateurs de bonne santé et de qualités génétiques. Seulement, chez nous autres primates bipèdes à la pilosité en déclin, point de couleurs ostentatoires, point d’excroissances kératinisées ou de fourrure soyeuse. Hormis quelques maigres poils de barbe, les mâles de notre espèce sont presque dépourvus d’ornementation sexuelle secondaire (pour reprendre le terme consacré). Heureusement, les femmes ont su adapter leurs critères de sélection et sont aujourd’hui capables de détecter des variations subtiles, les renseignant (inconsciemment?) sur les qualités physiques et biologiques de leur prétendants. Ainsi, l’un des éléments pris en compte dans le choix d’un partenaire chez l’humain est la capacité des hommes à danser. J’en vois déjà qui font la grimace: “un mauvais danseur ne sera donc jamais capable de séduire une femme?”. Bien sûr que non, il existe beaucoup d’autres critères, pour la plupart nettement plus importants (taille, traits du visage, statut social reflété en grande partie par les vêtements, caractère soumis/dominant et morphologie générale du corps). Mais la manière de danser, en plus de renseigner sur quelques capacités accessoires (sens du rythme, timidité…) serait également un indicateur, tenez vous bien : de la force physique, de l’acquisition d’une identité masculine au cours du développement (en relation avec le taux de testostérone prénatal, également corrélé au ratio entre les longueurs de l’index et de l’annulaire) et de la symétrie du corps. Rien que ça.

 

 

La danse pour les nuls

 

Partis de ces observations, une équipe de chercheurs a décidé de mettre fin à la dictature du danseur alpha, en analysant méthodiquement les différents types de mouvements impliqués dans un comportement de type “danse” et en déterminant lesquels étaient perçus par les femmes comme étant les plus attractifs. Le but, bien que non avoué, étant bien sûr de parfaire leur technique et de renverser la tendance statistique en devenant eux même des maîtres de la séduction. Pour cela, ils ont sélectionné un panel de 19 hommes qu’ils ont bardés de marqueurs réfléchissants et ont capturé leurs mouvements à l’aide d’un système de 12 caméras pendant 30 secondes sur un rythme neutre de percussions (c’est à dire sans musique, pour éviter les mouvements propres à un style particulier type twist ou macarena). En résumé, c’est la bonne vieille “motion capture” des familles, bien connue des amateurs de jeux vidéos et de films à effet spéciaux. Les données ont ensuite été utilisées pour modéliser un avatar 3D de chaque danseur (d’apparence physique neutre lui aussi) et montrer celui-ci à 37 femmes qui jugeraient la qualité de la performance sur une échelle de 1 à 7.

 

Première conclusion les gars. Pour séduire il faut éviter de danser comme ça:

 

Avatar du mauvais danseur type. (Source : Neave et al, 2010. Biology letters)

 

En effet, les yeux rivés au sol et les mouvements saccadés vous rapprochent plus du phénotype zombie que de James Brown. Jusque là, rien de très nouveau. Seulement en faisant des mesures des vitesses et des angles de mouvements et en réalisant des tests de corrélation entre toutes ces variables (pour chaque articulation et partie du corps) et les préférences féminines, il ressort que trois types de mouvements sont particulièrement “attractifs”. Il s’agit d’une part des mouvements amples du tronc, de ceux du cou (un exemple magistral ici) et enfin de la vitesse des mouvements du genoux droit (là j’avoue que ça me laisse un peu dubitatif). Vous savez ce qu’il vous reste à travailler.

 

Pour vous aider dans votre tâche, voici l’avatar du danseur ayant obtenu les meilleures notes:

 

Avatar du “bon” danseur type. (Source : Neave et al, 2010. Biology letters)

 

Convaincus? Je ne sais pas vous, mais moi tout ce que m’inspire cette vidéo en terme de séduction, que ce qui plait aux filles, ça doit être principalement le sens de l’humour et de l’autodérision. Alors soit il y a un problème technique quelque part, soit il va falloir apprendre par cœur les chorégraphies des Sims pour avoir du succès en boite. Malgré tous ces efforts, il faut donc croire que la danse reste un domaine où le feeling est plus important que la méthode, et ce n’est pas demain qu’on verra un type en blouse blanche mettre le feu au dancefloor. En résumé, c’est un tout petit pas pour la science, et un grand écart facial pour le funk. 

 

 

Références

 

  • Neave et al, Male dance moves that catch a woman’s eye. Biology letters 2010.
  • Brown et al, Dance reveals symmetry especially in young men. Nature 2005.
  • Fink et al, A preliminary investigation of the associations between digit ratio and women’s perception of men’s dance. Personality and individual differences 2006.

Ajouter un commentaire

URL de rétrolien : http://ssaft.com/Blog/dotclear/?trackback/474

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.


2270-4027