Quand il faut nommer une nouvelle espèce, les paléontologues sont le plus souvent enclin à la surenchère. Mais en ce qui concerne l'espèce à qui appartenait les vertébres récemment découvertes en Colombie, on n'aurait pas pu trouver mieux. En effet, des chercheurs ont trouvé des vertèbres fossilisées à Cerrejón, une mine colombienne de charbon à ciel ouvert. Ces vertèbres appartenaient à une espèce de serpent qui vivait il y a environ 58 ou 60 millions d'années. Les 28 spécimens étudiés (184 vertèbres) ont permis de reconstituer en partie la partie précloacale de l'animal (la région qui s'étend de la tête jusqu'au cloaque). Les auteurs ont jugé bon de photographier ces vertèbres avec pour point de comparaison, la vertèbre d'un boa constrictor de 3,4m, et c'est vrai que c'est assez parlant...
A l'aide de ces vertèbres, les chercheurs ont estimé que ce serpent préhistorique (du paléocène) devait mesurer 13m (un bus) pour une masse moyenne de 1,135kg (une voiture). En comparaison, les plus grands spécimens de Boa constrictor actuels mesurent 8m et les plus grands serpents du monde environ 9m (mais il s'agit de pythons, beaucoup plus fins). Au final, les chercheurs l'ayant découvert on appelé ce serpent Titanoboa cerrejonensis et voici deux petits portraits factices de la bête:
La taille et le poids record de l'animal ne constituent qu'une partie de l'intérêt de cette découverte. En effet, la taille de l'animal a permis aux chercheurs d'estimer la température moyenne annuelle qui devait régner dans la forêt dans laquelle vivait Titanoboa, et ce grâce au fait que les serpents sont poïkilothermes (alors ça, comme mot, ça vaut son pesant de cacahouètes au scrabble, et ça veut juste dire "à sang froid"). Ainsi, pour que les animaux poïkilothermes atteignent une certaine taille, il est nécessaire que le climat soit chaud. En établissant une courbe de corrélation entre la taille maximale des serpents vivant dans la région et les températures saisonnières, ces paléontologues estiment que la température au cours du paléocène devait se situer entre 30 et 34°C (alors qu'elle avoisine les 27°C actuellement)
Il s'agit donc d'une méthode inédite pour réaliser de la paléoclimatologie et estimer une fourchette de paléotempératures (ça aussi ça tape comme vocabulaire). Pour achever de se foutre les jetons, gageons qu'avec le réchauffement climatique, rencontrer de tels spécimens sera certainement plus fréquent (et un nombre incalculable de navets cinématographiques de série Z en prime!).
Liens:
Futura Science
Not Exactly Rocket Science
Pharyngula
Paleoblog
National Geographic
Article connexe sur les tétrapodes apodes.
Référence:
Jason J. Head, Jonathan I. Bloch, Alexander K. Hastings, Jason R. Bourque, Edwin A. Cadena, Fabiany A. Herrera, P. David Polly, Carlos A. Jaramillo (2009). Giant boid snake from the Palaeocene neotropics reveals hotter past equatorial temperatures Nature, 457 (7230), 715-717 DOI: 10.1038/nature07671
Plus fort que l'Anaconda, voici Titanoboa!
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1 De tchad - 24/09/2010, 22:06
je veux voir l'animal le plus fort du mand