Bon, autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas vrai. Je n’ai pas essayé de retrouver les sensations de mes ancêtres en mangeant de la viande crue ou en poussant un cri primal. En revanche, lui l’a fait (à quelques détails près) et il n’a pas l’air de trop mal se porter, lit-on sur Rue89…
Ce français nommé Erwan Le Corre est même l’un « des hommes les plus physiquement au top de toute la planète » selon l'édition américaine du magazine Men's Health. Et oui, vivre comme les hommes du paléolithique semble être bien utile pour emballer les petites pépées ! Petit passage en revue des tendances « so paleolithic », qui font de plus en plus d’adeptes.
Mangez comme vos ancêtres
Dans le pays du Big Mac, la sobriété n’est pas franchement de mise. Pourtant, les adeptes du régime paléolithique sont de plus en plus nombreux aux Etats-Unis (surtout dans les grandes villes, le Texas profond n’étant pas réputé pour son ouverture à la nouveauté…). Selon eux, les hommes préhistoriques étaient affranchis des « maladies de civilisation » grâce à leur régime alimentaire sain et leur mode de vie actif. Et puisque nous sommes leurs égaux, du moins du point de vue génétique, selon eux, pourquoi ne pas revenir aux bonnes habitudes?
Mais pour un paléo-newbie, le changement est radical (et souvent coûteux). Terminés le pain, les produits laitiers et les barres chocolatées ! Place à la viande (bio et cuite bien sûr, le feu ayant été domestiqué il y a environ 400 000 ans, bien que certains ultras l’aiment crue, pour la plus grande joie d’Escherichia coli je suppose). Mais pas que. Les noix, les fruits et les légumes font également partie du régime. En bref, les aliments privilégiés sont ceux que l’homme dégustait lorsqu’il était chasseur-cueilleur, juste avant l’avènement de l’agriculture (au Néolithique, à partir de – 9000 ans environ).
Entre les régimes Atkins et Dukan, celui de Cro-Magnon est détaillé sur des sites spécialisés en nutrition ou en santé, comme par exemple Passeportssanté.net. On se demande quand même où ils vont chercher une telle précision (bah oui, l’écriture n’existait pas, et encore moins les recettes de cuisine)… En résumé, selon ces sites spécialisés : viandes maigres, volailles, poissons, fruits de mer, œufs, fruits & légumes (pauvres en amidon), noix et graines? Bieeeen ! Céréales, légumineuses, produits laitiers, produits transformés, viandes grasses, boissons gazeuses, pomme de terre, sel, sucre? Pas bieeeen ! Huiles, avocats, thé, café, alcool, fruits séchés ? Bieennn, avec modération!
C’est bien beau tout ça mais comment ça se cuisine? Le site Passeportsanté propose une journée type avec ce régime, tout de même adaptée à notre découpage quotidien en trois repas (ce qui n’était pas franchement le cas il y a 30 000 ans, quand les chasseurs devaient attendre d’avoir traqué, tué, dépecé, préparé et cuit leur viande avant de la manger…).
Petit déjeuner : un demi-melon, du saumon aux fines herbes (toujours un plaisir au réveil…) et des amandes.
Déjeuner : salade d’épinards avec des légumes, vinaigrette à base d’huile d’olive et de jus de citron, dinde avec sauce aux agrumes, noix du Brésil (pour les locavores, on repassera) et framboises.
Diner : viande de cheval (pas terrible pour le porte-monnaie), légumes variés cuisinés au wok, salade de fruits et graines de sésame.
Les avantages de se sustenter comme l’arrière-arrière-arrière-…-grand-père: une perte de poids rapide, moins de fatigue, plus d’énergie, moins de problèmes de digestion et d’allergie (vade retro lait et gluten) et prévention de maladies typiquement liées à la sédentarisation (maladies cardiovasculaire, hypertension, obésité…). Les adeptes interrogés par le Washington Post ou par le New York Times avouent ne plus pouvoir s’en passer. Mais il y a un inconvénient majeur : la monotonie du régime, d’où une lassitude à long terme et, plus dangereux, des carences possibles (surtout en vitamine D). D’ailleurs, sans parler forcément de carences, les paléo-mangeurs se laissent parfois aller à quelques écarts, souvent chocolatés, afin de mieux pouvoir supporter psychologiquement un tel régime.
A l’origine de cette vogue (entre autres), le radiologiste et anthropologue médical S. Boyd Eaton qui publiait en 1985 un article intitulé « Paleolithic Nutrition » dans le très sérieux New England Journal of Medicine. En 2001, Loren Cordain, professeur au Département des sciences de la santé et de l'exercice à l'Université de l'Etat du Colorado vulgarise ces thèses dans un livre grand public « The Paleo Diet » et le blog qui l’accompagne.
Voici une interview en français, des publications scientifiques pour les plus courageux (ici, ici et là) et une vidéo (en anglais) :
Depuis, de nombreux livres, principalement en anglais, ont suivi. En France, notons que feu le Dr Jean Seignalet a publié un livre en 1996 sur ce régime, «L’alimentation ou la troisième médecine» où il évoquait les relations entre le régime alimentaire et la santé. Plus récemment, ce fut également le cas du journaliste Thierry Souccar avec «Le régime préhistorique» ou du Docteur Dominique Reuff avec «Le régime paléolithique».
Comme tout régime, celui-ci a tout de même ses détracteurs, ou du moins des personnes qui souhaitent nuancer le message trop positif. Ainsi, Katharine Milton, chercheuse au département de biologie des insectes à l’Université de Californie (Berkeley), indiquait en 2000, dans un éditorial dans le American Journal of Clinical Nutrition, que cette diète est assez fantaisiste, étant donnés les régimes alimentaires variés des hommes préhistoriques (certains étaient plus herbivores que carnivores et le régime dépendait fortement de leur environnement). La nutritionniste de Passeportsanté, Hélène Baribeau, s’inquiétant du caractère monotone de ce régime alimentaire, précise d’ailleurs que le régime méditerranéen permet d’obtenir des résultats semblables avec bien moins de privations.
D’autres arguent que nous – et nos estomacs – ont en partie évolué, par exemple pour pouvoir digérer le lait. Pourquoi alors s’en priver? Michel Raymond, chercheur en biologie évolutive et auteur de l'ouvrage « Cro-Magnon toi même » est également assez sceptique.
Michel Raymond : Faut-il revenir au régime... by lanutrition
Selon lui, mieux vaudrait déjà remonter au régime d’avant-guerre (ou plutôt d’avant la société de consommation) pour obtenir des résultats satisfaisants. En effet, le régime paléolithique soulève des problèmes liés au mode de production de l’alimentation. Etant donné la démographie mondiale, il n’est plus envisageable de s’affranchir de l’agriculture ou de l’élevage pour nourrir tous les terriens. Ajoutons à cela que la production de viande, aliment central dans ce régime, pose déjà de nombreux problèmes écologiques…
Faites un peu d’exercice
Faute de régime totalement adapté, autant pratiquer une activité physique, ça ne fait pas de mal. Après tout, la chasse au bison se fait rare de ce côté-ci du périphérique… Erwan Le Corre, l’apollon cité en début d’article l’a bien compris, lui qui a lancé le mouvement Movnat, une sorte de «Paléo fitness», et qui distille des vidéos d’entraînement en milieu naturel sur internet. Et voici la bande-annonce toute en muscle:
Des chaînes comme Cross-Fit aux Etats-Unis proposent également des exercices sensés être préhistoriques comme le lancer de pierre, le combat primitif ou le monter à la corde… Pour compléter le tout, n’hésitez pas à essayer le tir au propulseur (testé et approuvé). Y’a même une association si votre gosse cherche un sport pour la rentrée ^_^
S’agripper à des roches, grimper aux lianes et pousser les troncs d’arbres dans une rivière, c’est bien beau, mais si vous voulez vraiment aller au bout des choses, il va falloir poser les baskets…
La course pieds-nus n’est pas une lubie de paléo-fondamentalistes, pour preuve le marathonien Abebe Bikila la pratiquait avec succès. Selon de nombreux athlètes, cette pratique permettrait de corriger des défauts de postures entraînés par nos baskets toujours plus sophistiquées et de supprimer mal de dos et douleurs musculaires. Pour les frileux, il existe aussi des chaussures minimalistes comme les Vibram Fivefingers Bikila LS.
Mais il semble bien que malgré nos efforts, nous n’arriverons jamais à rivaliser avec nos ancêtres, notamment à cause des centaines d’années de confort derrière nous. C’est la thèse de Peter McAllister auteur du livre «Manthropology», qui affirme que nous ne serions que des mauviettes face à nos ancêtres. Il va même jusqu’à comparer des athlètes actuels aux hommes et femmes préhistoriques «lambda». Le magazine Sport & Vie n°121 revient longuement sur cette thèse.
Passons sur la manière discutable de ces comparaisons. Peter MacAllister affirme qu’Alexey Voyevoda, champion du bras de fer, ferait pâle figure face à UNE Néandertal (qui avait plus de muscles et des bras plus courts lui offrant un meilleur bras de levier). Idem pour Usain Bolt, qui serait écrasé au sprint par un aborigène australien vivant il y a 20 000 ans et dont on a retrouvé des traces fossilisées. Courant à 37 km/h sur un sol meuble et glissant, il arriverait sans peine à 45 km/h sur une piste… Mmmh, j’en doute un peu… J’y reviendrai sans doute dans un futur billet.
Lavez-vous… sans savon
Et pour finir, après un repas frugal et quelques heures d’exercice, il serait temps de passer sous la douche… mais sans savon. C’est l’expérience qu’ont tenté des adeptes du retour aux sources. Après une période de tests de quelques mois, ils ne dégageraient aucune odeur et leur peau aurait retrouvé la douceur de celle d’un bébé (non, je ne fais pas de pub)… Une histoire de pH et de régulation de la peau…
C’est un des préceptes avancés par Richard Nikoley dans son blog « Free the animal » où on peut lire un condensé du mode de vie préhistorique. Alors faites comme lui, libérez l’animal qui est en vous ! Quant à moi, je vais me reprendre un peu de glace.
1 De homo sapien - 12/10/2011, 01:40
vous fait chier bande de connard je vais devenir obséder par ca donc ne publier jamais des truc pariel , mais vos recherche sont génial . fock u
2 De hahahaha@hotmail.com - 12/10/2011, 01:41
@homo sapien :