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[Strange and Funky Animal Photographer] Henry Horenstein
Singe-araignée à front blanc, Ateles marginatus
Sans être un photographe dévoué à la photographie animalière, Henry Horenstein a su cependant renouveler le genre, peut-être justement parce qu’il a su y instiller un renouveau et su briser les stéréotypes de la représentation de l’animal.
Hippopotame, Hippopotamus amphibius
Henry Horenstein parle de son approche pour réaliser l’ouvrage Animalia, paru en 2008 :
Je suis photographe, pas naturaliste. Mes précurseurs et maitres furent des artistes légendaires comme Harry Callahan, Aaron Siskind, et Minor White. Ce qu’ils m’ont enseigné, c’est un souci des valeurs artistiques traditionnelles comme d’obtenir une bonne composition picturale, une lumière intéressante et un sujet convaincant.
Les photographies présentées ici ont été prises entre 1995 et 2001. Quand j’ai commencé cette série, j’étais assez peu sûr de moi. Tant de grands artistes (et de moins grands) se sont frottés à cet exercice depuis le début de l’humanité. Comment pouvais-je apporter quelque chose après ces intimidants précédents.
Une chose que je ne voulais pas faire, c’est simplement décrire mes animaux et j’ai donc choisi de ne pas les photographier en couleur et de ne pas montrer leur environnement. Au contraire, j’ai choisi de les regarder de près et de manière abstraite, de voir mes sujets pour leur beauté inhérente, curiosité, mystère. Pour ce faire, j’ai souvent utilisé un objectif macro pour devoir m’approcher, et j’ai également travaillé avec des pellicules noir et blanc à forte granulosité, avec développement sépia, en espérant leur donner un air de vieille école, un sentiment intemporel.
Paon bleu, Pavo cristatus
Perroquet jaco, Psittacus erithacus
Zèbre de Grévy, Equus grevyi
J’ai travaillé dans des zoos et des aquariums, pas dans la nature ou en milieu aquatique. Cela signifiait que je pouvais presque toujours trouver mes sujets. Ils ne pouvaient pas tellement s’échapper. L’autre avantage, c’est que je pouvais les isoler et les capturer dans un espace contraint, comme s’il s’agissait de modèles, posant pour moi dans un studio.
Cependant, photographier des animaux est très différent de photographier des humains. On ne peut pas dire à un éléphant où il doit se mettre, à une raie de sourire ou à un lézard de prononcer ‘Cheese!’. Il faut être très patient et attendre, espérant que le sujet va réaliser ce que l’on veut, ou quelque chose de totalement inattendu qui fera un beau cliché. Quand les animaux coopèrent, il faut être prêt car la plupart ne resteront pas dans la bonne position très longtemps. On a que quelques secondes, et parfois moins, pour une belle prise.
Raie mourine américaine, Rhinoptera bonasus
Raie aigle, Myliobatis freminvillii
Oeuf de raie pocheteau long-nez, Raja rhina
Raie pocheteau long-nez, Raja rhina.
Pendant que j’observe et que j’attends, j’entends les autres visiteurs du zoo décrire les animaux avec des termes d’humains: ‘Regarde ça’ disent-ils ‘Il nous sourit’ ou ‘La pauvre, elle s’ennuie’ ou encore ‘Ce singe ressemble à notre Oncle Ike, non?’
D’une certaine manière, les animaux ressemblent aux humains, sans aucun doute. Il s’agit bien de nos cousins. Cependant, je crois que les animaux sont des créatures souvent uniques, possédant des caractéristiques surprenantes et incroyables. Et c’est ça que j’ai voulu capturer dans mes photographies.
Elephant d'Asie, Elephas maximus
Babouin de Guinée, Papio papio
Renard volant, Pteropus mearnsi
Grand Dauphin, Tursiops Truncatus
Béluga, Delphinapterus leucas
Elisabeth Werby, directrice du Museum d’Histoire Naturelle de Harvard, raconte pourquoi elle a choisi d’exposer les photos d’Henry Horenstein dans le cadre d’une exposition appelée Regard sur les animaux:
En 2006, le Museum d’Histoire Naturelle de Harvard a initié une série d’expositions de photographies censées offrir des ‘leçons d’observation’. En s’écartant du genre de la photographie de nature qui présente des paysages parfaits et intemporels, peuplés d’une vie sauvage inaffectée par l’homme, ces expositions avaient pour but d’être provocatrices, de changer de cadre. Notre objectif était d’encourager les visiteurs à faire attention aux détails, de poser de nouvelles questions, de comprendre et voir le monde naturel autrement. Nous avons été inspirés en partie par la célèbre histoire du scientifique Louis Agassiz qui aurait conseillé à un étudiant en difficulté d’utiliser l’observation comme un outil de recherche : 'Observe, Observe, Observe’ aurait-il insisté.
Regard sur les animaux, qui présente 19 photographies d’Henry Horenstein, a été la seconde exposition de la série, et s’est présenté comme une leçon d’observation tant au niveau scientifique qu’au niveau artistique. Les créature d’Horenstein sont décontextualisées. Elles apparaissent sans toile de fond ni paysage naturel, en dehors même des images du monde artificiel du zoo ou de l’aquarium, et dénuées de leur véritable couleur. En conséquence, les images sont véritablement saisissante. Et on peut voir ces animaux, tant au niveau littéral que métaphorique, comme jamais on ne les a vus. On remarque les détails et Horenstein mène notre vision à détecter l’inattendu: le pied d’un éléphant, l’œil d’une pieuvre, les cheveux d’un gibbon, l’arrangement des plumes d’un cou d’oiseau. On les observe comme à travers une loupe. Ces photographies nous invitent à observer de plus près, à poser des questions et réaliser des connections. On se met à réfléchir aux formes et aux fonctions, les relations entre un pied d’éléphant, le sabot d’un cheval… et nos propres orteils. On médite sur les modes de perception et de communication, les signaux qui permettent à un banc de poisson de s’organiser. En examinant ces photographies, nous devenons scientifiques et découvreurs.
Pieuvre géante du Pacifique, Enteroctopus dofleini
Pieuvre géante du Pacifique, Enteroctopus dofleini
Hippocampe moucheté, Hippocampus erectus
Spirobranche-sapin de Noël, Spirobranchus giganteus
Phoque commun, Phoca vitulina
Chrysaora fuscescens
Chrysaora fuscescens
Nous devenons scientifiques et découvreurs, mais surtout admiratifs devant le travail de maitre d’Horenstein.
Liens:
Henry Horenstein Photography
Animalia
Par taupo, jeudi 3 mars 2011. Lien permanent
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