Jackalope

Jackalope
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Des infos sur la bestiole
Des infos sur la voix

L’animal chimérique sur laquelle vous venez de cliquer s’appelle un Jackalope. Si vous êtes fans de Pixar, vous connaissez probablement déjà le court métrage Boundin’ qui met en scène un Jackalope ou, en français, Lapin-Antilope:

 

 

 

 


Si on entend rarement parler de Jackalope ou Lapin-Antilope en France, c’est qu’il s’agit d’une légende typiquement Nord-Américaine. Dans un précédent Billet sur SSAFT, je vous dévoilais que:

c’est surtout en Amérique du Nord que se sont développées des légendes autour des fantastiques lapins-antilopes ou “Jackalope” (contraction de Jackrabbit - lièvre- et antalope – antilope en vieil anglais):
 

Jackalope
En gros, c’est un lièvre avec des cornes. En voici une représentation provenant de l’altération d’une peinture de lièvre de Dürer datant du début du XVIème siècle:

Jackalope, modification d'une peinture de Dürer
Cependant, les bavarois ont leur propre version de cette créature mythique, le wolpertinger, lièvre doté également de bois mais aussi de crocs et ailé. Fun fact: les cryptozoologues cherchant à illustrer le bestiau recyclent la même œuvre de Dürer ce qui donne ça pour le Wolpertinger :

Wolpertinger
Il a l’air plus féroce, certes, mais je ne résiste pas à la tentation de vous montrer un exploit de taxidermiste ayant naturalisé un ‘vrai’ wolpertinger sauvage:

Wolpertinger naturalisé
Son potentiel menaçant prend tout de suite du plomb dans l’aile… Mais comme les Monty-Python nous l’ont si bien enseigné, il faut toujours se méfier des apparences!

 

 

Le Jackalope est bien ancré dans le folklore américain, tant et si bien qu’on trouve des statues monumentales à l’effigie de la chimère…

Jackalope au Wall Drugdu Dakota du Sud

… et Ronald Reagan était aussi l’heureux propriétaire d’une tête montée de Jackalope:

Ronald Reagan et son Jackalope
… des trophées qu’on retrouve en masse aux States:

Trophées de Jackalope
Mais si on cherche les sources de ce mythe, on trouve les premières références à un lièvre cornu (Lepus cornutus) à la fin du XVIème siècle, notamment sur une illustration du Animalia Qvadrvpedia et Reptilia (Terra) de Joris Hoefnagel :

Plate XLVII (77) from Animalia Qvadrvpedia et Reptilia (Terra)
Etonnamment, ces références n’ont en aucun cas un caractère mystique ou fantasque et entre le XVIème et XVIIIème siècle, il semble que de nombreux naturalistes considéraient l’existence des lièvres cornus comme vraisemblable et les rangeaient dans une espèce distincte des lièvres sauvages. Alors certes, on peut facilement mettre en doute la parole de ces naturalistes poussiéreux, mais cette photo prise en 1965 par O.B. Lee devrait vous laisser plus perplexe:

Un vrai Jackalope?
Ca y’est, j’en imagine déjà qui pouffent et soupirent derrière leur écran, déplorant mon manque de discernement ou encore maudissant cette perversion pseudoscientifique sur mon blog. Et pourtant, je n’ai que peu de doutes qu’il s’agisse là d’un authentique cliché de lapin à “cornes”. D’où vient mon assurance? Et bien du fait que ce genre d’excroissances se retrouve assez souvent sur les lapins d'Amérique et qu’il ne s’agit pas de véritables cornes, mais de tumeurs! Le lapin pris en photo en 1965 est en fait atteint d’une maladie relativement commune chez ces bestioles à grandes oreilles: la papillomatose, une croissance anormale des cellules papillaires de la peau.
A dire vrai, les rares lapins qui se retrouvent avec ces excroissances uniquement confinées à leur front sont bien chanceux, car des lapins atteints de papillomatose aïgue, ça ressemble à ça:

Lapin atteint de Papillomatose
Lapin atteint de Papillomatose
Lapin atteint de Papillomatose
Lapin atteint de Papillomatose
Lapin atteint de Papillomatose
Le premier chercheur à s’intéresser sérieusement à cette maladie chez les lapins est le Docteur Richard Shope. Au lieu de se braquer et d’ignorer les anecdotes d’un de ses amis prétendant avoir vu des lapins cornus, ce virologiste de renom lui a demandé de capturer les bêtes et de lui envoyer des spécimens, voire uniquement les cornes. Après réception des échantillons, il a réduit les cornes en poudre qu’il a dissous dans de l’eau, puis il a filtré sa décoction à travers de la porcelaine, censée ne laisser passer que des particules nanoscopiques. Richard Shope avait en effet l’intuition que ces cornes ne sont en réalité que des sortes de méga verrues (des carcinomes kératinisant), causées par un virus. Il a donc utilisé son filtrat pour frotter le scalpe de lapins sains qui se sont à leur tour retrouvés couverts de cornes. CQFD.
La suite de cette étude, reprise par Francis Rous, a permis de se rendre compte que ce virus, injecté directement dans le sang des lapins, entrainait alors des cancers redoutables qui tuaient rapidement les lapins. Rous avait déjà observé ce genre de phénomènes avec un autre virus et chez le poulet, et devint convaincu que les virus pouvaient bel et bien causer des cancers. En le prouvant ensuite à maintes reprises, il fut honoré par un prix Nobel de Médecine en 1966.
Comment s’appelle notre coupable? De manière assez logique, on l’a baptisé Papillomavirus. Voici un portrait du vilain en microscopie Electronique à Transmission:

Papilloma Virus Humain en Microscopie Electronique à Transmission
Si ce n’est que le virus ci dessus n’est pas pas le Papillomavirus spécifique des lapins (cottontail rabbit papilloma virus) , mais le notre bien à nous : le papillomavirus humain… Ah ben on fait moins les malins là! C’était facile de se foutre de la tronche de Pan Pan avec ses cornes qui lui poussent à travers les narines, mais quand on sait que de telles afflictions sont connus chez les humains, on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine anxiété à l’idée de découvrir le portrait des affligés… Pour découvrir à quoi ressemble des humains cornus et autres monstruosités dues aux papillomavirus, direction le billet dédié sur SSAFT (âmes sensibles, s’abstenir…)
 

 

Phiip

 

Crédit photographique: Chloé Vollmer-Lo (Site, Page FB).


C'est Phiip qui a prêté sa voix au Jackalope. Comic strippeur, traducteur (notamment de XKCD et SMBC), éditeur et créateur de Lapin.org, Phiip narre aussi sur son webcomic les aventures d’un lapin moche en tissu pourri. Retrouvez-le sur son site, Facebook, Twitter, Google+ et Strip Science.
Pour retranscrire la détresse désespérée d’un lapin atteint du Papillomavirus, l’inspiration fournit à Phiip avant qu’il ne réalise ses enregistrements était un extrait de South Park:
 


Et voici les productions de Phiip:

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