Strange Animals

Morphologic: Corail et Corallimorphe

 

Corynactis viridis 

Cette fois-ci, pour véritablement observer les animaux à présenter dans cette session Morphologic, il faut accélérer le temps. C’est uniquement en time lapse qu’on peut se rendre compte (à l’instar des étoiles de mer) que certains animaux, d’abord assez stoïques, peuvent avoir des comportements insoupçonnés.

Voici pour commencer, la vidéo d’un corallimorphe glouton:

 

 

 

‘Corynactis viridis’
Musique, Vidéo et Aquarium
2010 Morphologic Studios

L’équipe de Morphologic a reçu ce Corynactis viridis de leur bon ami, le Dr. Yvan Perez, de l’institut méditerranéen d’Ecologie de Marseille. Ces spécimens ont été péchés à l’état de polype durant ce mois de juin, dans la Méditerranée, et le Dr. Perez les a maintenus en aquarium avant de les leur envoyer. Laurent Foure, l’actuel gestionnaire de l’Aquarium de Nouméa en Nouvelle Calédonie, a également participé à la collection avec une prise de différents Corynactis provenant d’un autre endroit en Méditerranée.

Corynactis viridis est une espèce archétypale de Corallimorphe qu’on peut trouver le long des côtes rocailleuses et froides d’Europe de l’ouest. Leur distribution à travers la Méditerranée est beaucoup plus sporadique et on les trouve en bien moins grand nombre. On les nomme souvent les “anémones joyaux”, à tort puisqu’il ne s’agit pas d’anémones, malgré leur apparente ressemblance. Généralement, les polypes mesurent de 3 à 10 mm de diamètre et peuvent apparemment arborer des couleurs extrêmement différentes. En voici un petit échantillon pour juger:

 

Corynactis viridis violet et orange  Corynactis viridis vert et rose

Corynactis viridis Orange, rose et vert

 

Corynactis viridis Rose et Blanc 

Malgré leur taille minuscule, ces corallimorphes sont de très bons colonisateurs. Il n’est pas rare de trouver des colonies tapissant de larges surfaces de terrain rocheux, le plus souvent vertical. Comme ces colonies sont en fait composés de clones, ce tapis de corallimorphes sera le plus souvent d’une variante de couleur uniforme. Cependant, les colonies sont parfois proches les unes des autres, créant ainsi des patchworks multicolores d’individus minuscules. Ces couleurs sont souvent très flashy, éclatantes, avec des accents fluorescents.

Bien que la plupart des corallimorphes soient capables de photosynthèse, C. viridis est une espèce uniquement prédatrice, dépendant entièrement de la capture de plancton à l’aide de leurs tentacules collants. A l’extrémité de chaque tentacule se trouve une petite boule appelée l’acrosphère: caractéristique unique permettant d’identifier les corallimorphes non-photosynthétiques.

Dans cette vidéo, un polype de Corynactis viridis (de 8mm de diamètre) capture et digère du plancton microscopique qui dérive dans le courant. Dès qu’un tentacule capture de la nourriture, il se rétracte vers la bouche de l’animal qui se trouve au centre du polype. La bouche peut également se déformer: s’étendre, s’élargir et envelopper des particules de nourriture. La totalité du temps de prise de vue est de 12 minutes, et est donc accélérée à 1200% pour pouvoir visualiser les contractions musculaires hydrauliques et les contorsions que subit le polype lorsqu’il se nourrit. Le tout éclairé par des LED pour mettre en évidence l’anneau orange fluorescent qui entoure la partie externe du polype.

 

Tubastrea

‘Le Corail solaire’

Le repas d’un amas de corail Tubastrea coccinea
Musique, Vidéo, et Aquarium
2010 Morphologic Studios

 

 

 

 

Cette vidéo montre une colonie de polypes de coraux Tubastrée orange (Tubastrea coccinea) qui se nourrissent de zooplancton dérivant dans le courant. Le film a été accéléré 10 fois pour accentuer les prouesses et la coordination entre les tentacules collants et les bouches des polypes.

 

Les Tubastrea coccinea (ou ‘Sun Corals’ en anglais), ont une histoire assez particulière, étant l’unique espèce de corail rocheux invasive à s’être établie dans le bassin des Caraïbes. Natifs des océans tropicaux du Pacifique et Indien, ils ont été pour la première fois observés accrochés à la coque de quelques bateaux de Porto Rico et Curaçao (Caraïbes du sud) au milieu des années 40. Pendant la décennie suivante, ils ont finalement envahi la totalité des Caraïbes et du golfe du Mexique (enfin ce qu’il en reste…) en utilisant les courants marins comme principal moyen de transport. On pense aujourd’hui que leur première introduction provient des eaux de ballast des bateaux intercontinentaux qui passaient à travers le canal du Panama.

Les eaux contenues dans les ballasts d’un bateau sont en effet le moyen le plus commun par lequel peut être introduit des organisme exotiques et/ou invasifs dans des eaux nouvelles. C’est ainsi que les écosystèmes des Grands Lacs américains ont été sérieusement endommagés par l’arrivée d’espèces comme la moule zébrée (non non, ce n’est pas une blague…) ou les lamproies. Comme les Tubastrées sont très communes le long des côtes du Pacifique oriental d’Amérique Central et du Sud, il semble tout à fait logique qu’on puisse les trouver aujourd’hui de l’autre côté, leurs larves étant capable de flotter librement et pouvant donc être transportée, à bord de ballast, à travers les 77 km du canal de Panama. En fait ce qui est surprenant, c’est qu’il n’y ait pas plus d’espèces marines du Pacifique qui aient réussi à traverser l’Isthme du Panama.

La plupart des coraux rocheux dépendent de l’énergie créée par les algues photosynthétiques (zooxanthelles) qu’ils abritent dans leurs tissus. Mais les Tubastrées sont différents des autres coraux rocheux puisqu’ils ne possèdent pas de zooxanthelles, et ne sont donc pas dépendant de la lumière du soleil pour survivre (ironique quand on les appelle sun coral en anglais…). Leur énergie provient essentiellement du plancton qu’ils capturent, et qui est particulièrement abondant durant la nuit. De ce fait, les Tubastrées se plaisent essentiellement dans des environnements comme des grottes qui ne conviennent pas aux coraux rocheux photosynthétiques. Dans les caraïbes,  les Tubastrées font partie des premiers à coloniser des substrats artificiels comme des épaves sous-marines, des derricks ou les pylônes des quais: des niches moins appréciées par les coraux autochtones. De ce fait, la compétition étant peu féroce, les Tubastrées ne sont pas encore considérés par les scientifiques comme une espèce invasive dangereuse.

La colonie qui figure dans cette vidéo vient d’un derrick au large de la Louisiane, du golfe du Mexique. Des plongeurs professionnels sont régulièrement embauchés pour débarrasser les structures pétrolières des organismes qui y pullulent, particulièrement avant qu’elles ne soient mises hors service. Malheureusement, la plupart de ces bestioles tombent durant la manœuvre et vont s’enfoncer dans les abysses dans lesquelles elles ne pourront pas survivre. Heureusement pour l’équipe de Morphologic, un chercheur a pu en collecter quelques spécimens appartenant à une colonie condamnée à rejoindre les abysses. Aujourd’hui, toutes ces collectes, ces emplois, ces écosystèmes sont mis à mal par le drame pétrolier. Ces plongeurs risqueraient leur vie en plongeant dans ces eaux polluées, et il ne seraient pas sûrs de trouver une quelconque forme de vie sur les structures immergées des plateforme pétrolières.

 

Liens:

Morphologic blog

Ajouter un commentaire

URL de rétrolien : http://ssaft.com/Blog/dotclear/?trackback/395

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.


2270-4027