Le Squatt du Stagiaire.
Comme vous le savez sans doute, votre Webmestre dévoué qui écrit et poste amoureusement un nouvel article chaque jour sur ce blog a atteint le grade de Docteur (avec mention « très honorable » s’il vous plait) il y a peu. Ce statut, en plus de conférer à son porteur une classe monstrueuse pendant les dîners de famille, donne le privilège à notre cher Taupo d’utiliser un outil très utile dans ses travaux : Le Stagiaire. Il peut ainsi s’adonner à moult activité de glandouille, relaxation au bureau, absentéisme etc… tout en exerçant d’une main de fer son autorité suprême sur cette créature faible et insignifiante. C’est ainsi qu’aujourd’hui vous aurez droit, non plus à un article de haute volée, rédigé par l’élite française en matière d’évolution et développement, mais à un modeste post qui fleure bon l’étudiant exploité et sous rémunéré (je caricature évidement… enfin un peu).
La revanche verte.
Alors place à la jeunesse et à la nouveauté si vous le voulez bien ! Depuis que vous arpentez les pages de ce site, vous avez découvert toutes sorte d’animaux étranges, effrayants, amusants et fascinants. Cependant, nulle mention n’a été faite du règne végétal qui comporte pourtant son lot de curiosités (excepté un minuscule post sur les cactées en apportant ce commentaire révoltant « c’est dur de trouver des sujets funky sur les plantes »). Je me propose donc de rétablir cette injustice, en vous offrant un petit topo sur une catégorie de plantes qui, bien que connues, ne manquera pas de vous surprendre (je l’espère en tout cas). Aujourd’hui c’est mercredi alors on converge et même plutôt deux fois qu’une ! Ladies and gentlemen, Fraulein und Herren, laissez moi vous présenter : Les plantes carnivores !
Alors voilà, dans l’imaginaire collectif, un carnivore ça ressemble plutôt à ça (si c'est trop petit pour vos mirettes cliquez sur l'image) :
Mais comme chacun le sait, certaines plantes sont elles aussi capables de capturer et de manger des animaux (premier degré de convergence). Les plantes carnivores sont toutes des angiospermes, c'est-à-dire des plantes à fleur (eh oui vous allez voir) et il en existe un peu plus de 400 espèces (dont seulement 21 vivent en Europe, mais globalement, on peut trouver des plantes carnivores à peu près n’importe où sur Terre, excepté peut-être au Canada, en Sibérie au Gröenland et dans les autres endroits où on se gèle les miches). L’une des premières questions que l’on peut se poser est : Qui ? Quelles sont ces aberrations botaniques (pour reprendre le terme utilisé par certains naturalistes des siècles passés) qui s’octroient le luxe de transgresser les lois de la nature et de lorgner sur les maillons « supérieurs » de la chaîne alimentaire ? Sans plus tarder, une galerie de portraits (non exhaustive) des coupables, attention les yeux :
C’est quand même plus joli qu’un poisson blob ou qu’une méduse géante non ? Vous avez vu qu’il existe une multitude de plantes carnivores et maintenant la question qui vous taraude c’est : Pourquoi ? Pourquoi des plantes qui d’ordinaire se débrouillent très bien avec leurs racines (absorption d’eau et de minéraux) et leurs feuilles (photosynthèse, production de sucres) ressentent-elles soudainement le besoin de goûter à la chaire fraîche ? Des chercheurs ont montré que les plantes carnivores utilisent leurs proies comme source d’Azote (nécessaire à la synthèse de protéines, elles même nécessaires à la survie de tout être vivant). En temps normal les plantes puisent l’azote et beaucoup d’autres nutriments dans le sol par les racines (d’où l’utilisation d’engrais au nitrate en agriculture). Cependant, de manière générale, les plantes carnivores vivent sur un sol pauvre, on peut donc supposer que cette carence a fait office de pression de sélection et a permit l’émergence du régime carné chez les végétaux. Ça c’était la version scientifiquement correcte, pour ceux qui ne savent pas encore que 2009 c’est l’année de Darwin et qui n’ont pas pigé grand-chose à la sélection naturelle : si la plante veut coloniser un sol pauvre, ben elle se démerde pour trouver ses nutriments ailleurs. Alors si plusieurs plantes sont en compétition pour coloniser ce terrain là, celles qui se la joueront classique et essayeront de chopper l’azote par les racines vont crever tandis que celles qui auront réussi à trouver un autre moyen de subsistance en bouffant des insectes par exemple pourront s’installer pépère. C’est cruel, c’est élitiste, c’est antisocial : c’est la dure loi de la Nature (le struggle for life).
Une autre des lois fondamentalement injustes qui régissent le monde est celle qui vous ordonne de retourner bosser au lieu de glander sur des blogs. Et à mon humble avis l'excuse "mais euh, c'est un blog scientifique, c'est de la culture, je travaille presque là..." va passer moyen auprès de votre employeur. Alors trêve de carnivorie pour aujourd'hui! Dans le prochain épisode je vous présenterai les différents types de pièges développés par les plantes carnivores ainsi que les arguments montrant qu'il s'agit bel et bien d'une convergence évolutive. D'ici là vous pouvez repasser de temps en temps, mais pas plus d'une fois par jour en principe. Mais avant de partir je vous offre tout de même deux petites vidéos histoire de vous montrer que parfois, les plantes carnivores peuvent attraper autre chose que des petites mouches:
Nepenthes vs escargot
Dionée vs Chenille
(note: ces vidéos sont l'oeuvre de collectionneurs dont le développement de la main verte est inversement proportionnel à celui de la matière grise. Désireux de donner bon manger à leur planplante chérie, ils sont prêts à jeter d'innocentes créatures dans leurs pièges pour le simple plaisir de les voir mourir dans d'abominables souffrances. Soyez sympa avec les animaux, ne refaites jamais ça chez vous. Mais gardez tout de même en tête que ça arrive aussi dans la nature.) à la prochaine!
1 De Enro - 08/04/2009, 09:17
C'est qu'il a de la verve le petiot stagiaire... Je me réjouis qu'il soit enfin fait justice au monde végétal et j'attends la suite avec impatience !!