Incroyable! 4ème! C'est déjà la 4ème fois que je me rends sur le terrain pour jouer les chefs scouts devant mes étudiants et identifier empreintes, crottes et insectes (voir mes tribulations précédentes: 1, 2, 3, 4, 5)! En effet, en 2012 je découvrais qu'une partie de mes enseignements traiterait d'écologie et que j'allais donc me former, en même temps que mes étudiants, au travail sur le terrain. Cette année, je crois pouvoir enfin me permettre de le dire: je ne dis pas que des conneries à mes étudiants… le temps a fait son travail: je peux enseigner sur le terrain!
En effet, si en 2012 je piétinais allègrement les empreintes de sangliers et découvrais candidement l'existence de nid d'écureuil, je peux cette année me targuer d'avoir pu déceler de beaux indices indirects de présence animale AVANT mes étudiants (wouhou)! Lors de notre sortie à Avon, dans la forêt de Fontainebleau, j'ai ainsi pu photographier cette jolie galle, avant de m'assurer que mes étudiants l'aient bien vue:
Galle qui, disséquée par une étudiante une fois tous rentrés à la station révèlera son minuscule habitant: une larve de Dryocosmus kuriphilus, une minuscule guêpe cynips dite galligène car parasitant les végétaux (ici une feuille de châtaignier) pour en tirer les substances nutritives ce qui génère cette boursoufflure plus ou moins esthétique: la galle (et pour en voir d'autres, allez ici et là). Voici une photo (pas la mienne malheureusement) de la minuscule larve:
Et une photo de la guêpe adulte (toujours pas de moi…):
Bon par contre cette série de photos est de moi et nous montre un joli orvet qui a croisé notre chemin et pris la pose:
Remarquez qu'une mite en a profité pour lui courir sur la gueule pour ruiner son plus beau profil… Que voulez-vous, tout le monde n'est pas prêt à monter les marches du festival de Cannes (surtout quand on pas de pattes comme l'orvet…). Ah d'ailleurs attention, ce n'est pas parce qu'il n'a pas de pattes que ce lézard est un serpent! Gare aux contrefaçons issues des convergences évolutives!
Succédant à ce stage d'une journée en forêt de Fontainebleau, vient immédiatement le stage de terrain dans le domaine de Chamarande où l'on demande à nos étudiants d'établir un diagnostic faunistique et floristique d'une partie du domaine grâce, notamment, à une récolte d'échantillons sur place. Ces échantillons peuvent être, encore une fois, des indices indirects de présence animale comme ces magnifiques empreintes de sangliers:
Empreintes qui ont fourni le prétexte de réaliser de sublimes moulages qui viendront alimenter la collection de notre Université:
On y voit d'ailleurs bien les gardes caractéristiques des sangliers (comme je vous l'expliquais ici).
Cette année, nous avons aussi eu la chance d'observer directement des amphibiens comme cette jolie grenouille rousse:
Mais on pouvait aussi les identifier de nuit par leurs chants, comme cette grenouille rieuse qui semblait nous narguer de loin de son coassement hilare avant qu'on ne la découvre cachée dans une roselière:
Les oiseaux sont aussi identifiables par leurs cris et chants et je m'étais entrainé à l'avance pour les identifier à l'oreille. Mais on ne se refait pas, j'ai aussi tenté de les prendre en clichés. Voici ma moisson de piafs 2015 (avec leurs chants en liens). L'élégant chardonneret élégant (chant):
Le pigeon ramier (ou pigeon gonflable selon Wonderful Wife™) (chant):
Le mignon troglodyte mignon (chant):
L'écarlate rougequeue noir (chant):
L'effarvatte Rousserolle effarvatte (ce qui doit bien vouloir dire quelque chose…) (chant):
Et un bête pinson des arbres (chant):
Mais voici enfin le clou du spectacle et la raison pour laquelle cette année de stage de terrain sera pour moi inoubliable: cette année signe enfin le moment où je peux dire que l'intégralité de mes activités d'enseignement et de blogging ont réalisé un cercle complet! Pour comprendre, il faut revenir en 2009, année où je démarrais ce blog et publiais en avril un article sur un parasite ragougnasse (Le ver plathelminthe Leucochloridium paradoxum) transformant les tentacules oculaires d'un escargot (l'Ambrette commune Succinea putris) en panneaux publicitaires vert néons permettant d'attirer un oiseau, hôte définitif du plathelminthe, qui, croyant découvrir une chenille verte dodue, picorera les tentacules du gastéropode et se retrouvera ainsi infecté. Une illustration avant/après s'impose:
C'est une histoire tellement choquante qu'elle aura inspiré Nicotupe pour réaliser le tout premier Freaky Friday Parasite Meme: les Zombie Socks!
3 ans plus tard, j'incluais dans mon cours et le plus naturellement possible cet exemple de parasitisme pour illustrer les stratégies des parasites pour passer d'hôtes en hôtes. Cette année, deux étudiantes qui ont suivi ce cours il y a quelques mois, m'ont rapporté un échantillon bien particulier récolté sur le domaine de Chamarande: une ambrette commune parasitée par ce plathelminthe. Au début j'étais dubitatif, ne voyant qu'une ambrette aux tentacules boursoufflés:
Mais en soulevant légèrement la coquille, on pouvait bel et bien découvrir les sacs d'œufs pulsatiles du ver à l'intérieur du pauvre gastéropode!
Vous vous rendez compte? Mon blog a alimenté mon cours, qui a formé ces étudiantes à reconnaitre un parasite sur le terrain qu'elles m'ont ramené pour me le faire découvrir, à moi, en vrai, pour la première fois de ma vie! Si c'était pas un parasite dégueu, j'en pleurerais d'émotion! A la place, j'ai fait une vidéo et des gifs animés: Enjoy!
J'en ai profité pour créer un gif animé légèrement amélioré:
Bon alors par contre, pour les prochaines années, niveau parasite, on s'en tiendra à ceux qui infectent les p'tites bestioles, hein! J'ai pas franchement besoin de découvrir le Loa loa en vrai…
1 De Youpi - 21/05/2015, 20:49
Pour la prise d'échelle, faute de mètre, je recommande les pièces de monnaie plutôt que le cache de l'appareil photo. Ca a un avantage: on en a toujours dans poche, ça ne craint pas la saleté et leurs dimensions sont précises et connues (lutte contre les faux-monnayeurs oblige).
PS: pire que le LoaLoa, la lucilie bouchère...