Journée mondiale du jardinage nu...
Si, si, on vous jure ça existe ! Et franchement, on n'allait quand même pas passer à côté. Pour l'occasion, on vous a mitonné une vidéo, aux petits oignons et tubercules... d'orchidées !
Des tubercules au doux nom de... test*icules ! On ne vous en dit pas plus : l'explication en images.
Ah et au fait, cette journée mondiale du jardinage nu a pour but de mettre en avant les bienfaits du jardinage pour l’environnement, tout en favorisant l’acceptation du corps humain et en valorisant les liens entre l’humain et la nature. Ça vous inspire ?
N'oubliez pas de participer à notre campagne de financement participatif sur Ulule pour qu'une saison 2 d'Etymothèque puisse voir le jour !
Script :
Un cadeau à offrir ? Et pourquoi pas une orchidée ?
C'est une bonne idée, non ? De jolies fleurs, de formes et de couleurs variées.
Vous pouvez même initier une belle collection !
"Il y a de quoi faire avec plus de 30 000 espèces sauvages, et 100 000 variétés horticoles !"
La vanille en fait même partie !
"Et si un bigot vous dit « la vanille, c’est pour les filles »"
"vous pourrez lui rétorquer qu'en tant qu'“orchidée” son nom vient du grec ancien “orkhis” qui désigne… Les testicules"
"C'est parce que les variétés terrestres ont, en plus de leurs racines, des organes souterrains qui servent de réserve à la plante en hiver. Et ces tubercules sont parfois… suggestivement jumelés. "
Bon par contre c'est vrai que l'origine de vanille... c'est vagina (qui veut dire enveloppe, gousse)
et dont vous avez probablement aussi repéré le lien avec un appareil reproducteur. Mais il faut aussi que ce soit clair : en offrant des fleurs, ce sont de toute façon les parties génitales de la plante qu'on admire !
Et certaines orchidées comme l'Ophrys abeille détournent d'ailleurs la libido de ses pollinisateurs en imitant le parfum de leurs femelles.
"Causant parfois des orgies homosexuelles entre mâles frustrés n'ayant pas accès à la fausse femelle..."
Testicules, vagins et parthouzes...
"Vous ne verrez plus les orchidophiles de la même manière."
Approfondissement :
J'ai parlé à plusieurs reprises des fameuses orchidées cleptoparasitaires dont il est question dans cet épisode, par exemple dans mon billet sur l'amour parasitaire :
Chez les orchidées du genre Ophrys, comme l’Ophrys apifera représentée ici, la pollinisation n’est pas un échange de bon procédé comme on peut le voir souvent entre les abeilles qui butinent volontiers des fleurs en échange de gouttes de nectar.
Les Ophrys ont trouvé un moyen de transporter leur pollen sans dépenser des ressources à accumuler du nectar. Leur astuce, c’est de se parfumer à l’odeur d’abeille femelle, et que leurs pétales ressemblent grosso modo au thorax et aux ailes d’une envoûtante femelle abeille.
Des mâles sont attirés de manière irrépressible vers la source de cette odeur, et, installés sur la fleur, commencent à tenter de se reproduire avec.
Les mâles sont récompensés de leur ardeur par un fardeau de pollen, des pollinies, qui viennent se coller sur leur dos ou leur arrière train. Penauds, ils s’envolent jusqu’à rejoindre une autre fleur au parfum irrésistible, qu’ils auront tôt fait de féconder avec leur sac de pollen parasite.
Autre orchidée parasitaire ayant pointé le bout de son étamine sur SSAFT, Paracaleana minor :
Voici donc comment la pseudocopulation entre Thynnoturneria armiger et Paracaleana minor se déroule. Attention, ces images peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes vu qu'elles sont tirées du (méconnu) 50 nuances d'orchidées:
Thynnoturneria armiger se pose sur la fleur
T. armiger palpe la fleur avec ses parties génitales
Pliure de la plateforme (le labellum)
T. armiger est coincé dans la fleur
Et pour une vidéo, il faut se tourner vers les documentaires de la BBC dont l'excellent "The Private Life of plants" où un mécanisme similaire est décrit chez les orchidées du genre Drakaea qu'on nomme aussi "orchidées marteaux":
Et comme d'habitude, nous sommes accompagnés dans cette découverte par l'incroyable Sir David Attenborough:
Traduction:
Dans les landes d'Australie occidentale, des orchidées réalisent de charades sexuelles particulièrement complexes. Cette fois-ci, les victimes appartiennent à un groupe particulier de guêpes appelé Thynnidé. Au printemps, une femelle thynnidé émerge du sol sableux où elle se nourrissait de larves de coléoptères. Elle est maintenant prête à copuler. Quand on est fouisseur, il est compliqué de développer des ailes et elle n'en a pas, donc elle ne peut pas voyager loin. Mais le mâle lui peut voler car il chasse en volant avec ses ailes. Ils viendront à elle. Une fois installée, elle commence à émettre un message parfumé qui peut être détecté au loin grâce au vent. Ensuite elle attend, mais pas pour longtemps généralement. Un mâle l'emporte et copulera avec en plein vol.
Ceci n'est évidemment pas, à nos yeux, une femelle sans ailes: c'est une petite orchidée. Mais elle porte les signaux visuels qui indiquent 'femelle guêpe' pour le mâle guêpe. Non seulement ça, mais elle complète ses signaux visuels avec un parfum qui est pratiquement identique, chimiquement, à l'odeur émise par les femelles guêpes. Et cela suffit à berner le mâle. Regardez. Il va essayer de s'envoler avec elle. Mais comment cela aide l'orchidée à la pollinisation? La réponse tient dans l'ingénieuse construction mécanique de la fleur. La partie pourpre est le leurre 'femelle'. L'autre moitié possède une sorte de coupe où les étamines sont attachées à des patchs adhésifs. Une tête noire et un corps poilu est tout ce qui est visiblement nécessaire pour se déguiser en femelle. Le leurre est attaché à la fleur par une délicate mais robuste charnière. Quand le mâle essaie de porter ce qu'il présume être une femelle, il est propulsé vers le haut par ses propres efforts, et donc vers la coupe et les étamines. Mais la position du mâle doit être absolument correcte. Malgré l'enthousiasme déployé par ce mâle-ci, il n'est pas accroché de la bonne manière. Peut-être que cette fois-ci l'orchidée sera plus chanceuse. Visiblement, il y a un problème avec le mimétisme de cette orchidée: 2 mâles sont en train d'essayer en même temps. Ca y'est, les étamines sont accrochées sur son dos!
Les coulisses :
Comme vous êtes très sages, voici un petit aperçu des coulisses avec le storyboard de l'épisode signé Aliciane :
Mais aussi une myriade de dessins originaux tirés du carnet d'Aliciane :
Le Format :
Cet épisode appartient à la catégorie Noms pas si communs.
Le concept : Derrière des mots très communs, l’étymologie révèle son lot de surprises !
Crédits :
Écriture : Aliciane Guitard et Pierre Kerner
Illustration, Animation et Montage : Aliciane Guitard
Voix Off : Pierre Kerner
Musique : Robin Sebe
Relecture : Éléonore Bellot
Production : Cairn (Guilhem Brouillet et Pauline Racz)
Community Manager : Morgane Petit
Avec le soutien du CNC (fond d'aide aux créateurs vidéos sur Internet - CNC Talent)
ISAN 0000-0007-382F-0007-5-0000-0000-M
1 De Amandilh - 09/05/2025, 09:21
Je connaissais l'ogigine du mot grâce à l'excellent Hubert Felix THIÉFAINE et sa chanson
"Ta vamp orchidoclaste" ☺️