Etymothèque

Etymothèque : Cloporte

Cloporte... un mot qui ne fait pas rêver tout le monde !  C'est vrai qu'on ne peut pas dire que les cloportes soient en odeur de sainteté... Spécisme ? Méconnaissance et idées reçues plutôt !  Pourtant, le mot "cloporte" est intéressant ! C'est vrai, ça vient d'où ? L'histoire n'est pas claire, certains parlent de porte, d'autre de cochons...   Bref, c'est pas net cette histoire !


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Script :
Se rouler en boule pour se protéger, c'est une technique bien rodée que l'on trouve à plusieurs reprises dans le règne animal. Mais quand ce sont des arthropodes, c'est parfois difficile de les différencier .
Ah ici, c'est un genre de mille-patte appelé Glomeris Mais là par contre, c'est un crustacé terrestre ! Et plus particulièrement un cloporte ! 

Pour les distinguer tous les deux,  il faut regarder leur popotin et le nombre de segments 

Mais ce qui les distingue aussi, c'est l'origine de leurs noms D'un côté on a Glomeris du latin glomus (pelote, boule). OK c'est plutôt logique Et de l'autre on a cloporte... avec une étymologie plus folklo Pour certains ça voudrait dire clore-porte, car il fermerait la porte sur lui même... soit.
Mais d'autres linguistes pensent que ça viendrait de croteporque, qui signifie porc des grottes

Qu'on ne sache toujours pas quelle signification privilégier, moi ça me fout les boules !

Approfondissement :

Cet épisode d'Etymothèque est inspiré de l'étymozoo sur cloporte : On pensait que cloporte venait de clore et porte du fait de sa tendance à s'enrouler sur lui-même, mais il faudrait plutôt le rapprocher de croteporque qui signifie... porc des grottes (via).
Sur ce blog, on a parlé fréquemment du cloporte notamment pour le comparer avec le myriapode Glomeris avec qui il est si facile de le confondre. Rappelez-vous ce que j'enseignais dans mes tribulations d'enseignement auvergnats :

Avec la pléthore d’articles que j’ai écrit sur les convergences évolutives, je pensais être à l’abri d’une identification bâclée basée sur une ressemblance superficielle d’un organisme avec un autre. Un des exemples les plus frappants sur lequel j’ai écrit et que je soupçonnais être utile d’avoir en tête pendant le stage, est la ressemblance superficielle frappante entre un cloporte et un Gloméris:

Comparaison entre le cloporte Armadillidium vulgare et le mille-pattes Glomeris marginata

Dans cet extrait je fais référence à un article sur les animaux qui se roulent en boule, dont voici un autre extrait :

Rien de tel qu’un petit schéma:

Schéma de l'anatomie d'Armadillidium vulgare
Ce qu’on remarque chez les cloportes comme Armadillidium, c’est que les segments sont assez facile à compter, avec 7 grands segments formant le Péréon portant les 7 paires de pattes articulées, en comptant 1 paire de pattes par segment.

Schéma des faces dorsale, ventrale et latérale de Glomeris marginata
C’est chose beaucoup moins aisée pour Glomeris chez qui on peut compter 12 segments (tête non incluse) sur la partie dorsale, mais un nombre variable de pattes (de 17 chez les femelles à 19 paires de pattes chez les mâles) sur la partie ventrale, ce qui suggère un nombre plus conséquent de segments sur cette face du corps. Casse-tête que celui de faire correspondre ce nombre de pattes au nombre de segments dorsaux! De manière générale cependant, on estime que chaque segment porte 2 paires de pattes.
Notons enfin que les cloportes respirent à l’air libre via des branchies modifiées qu’ils portent sous le pléon, à l’extrémité de pattes vestigiales appelées pléopodes et qui doivent être maintenues humectées.
On le voit donc bien: sous la carrosserie, Glomeris et Armadillidium n’ont pas du tout le même moteur…

Et ainsi, dans mon article sur les Taxonomy Fails, je vous annonce que

Confondre ces deux espèces qui ont la faculté de se rouler en boule, c’est réaliser le score TFI incroyable de 89.06!

J'avais aussi évoqué dans mon livre "Moi, Parasite", cité dans cette chronique pour Podcast Science sur le thème du bleu, que

le virus IIV-6/CrIV qui infecte les grillons texans de l’espèce Gryllus texensis, lors de leurs ébats sexuels [peut] rendre les grillons particulièrement excités sexuellement pour décupler la probabilité de sa transmission. Mais parmi les effets secondaires de ce virus-viagra, des chercheurs ont découvert qu’il colorait en bleu les boyaux de son hôte. C’est un virus de la même famille, les iridovirus, qui serait aussi responsable de l’apparence bleutée que prend parfois la carapace de certains cloportes infectés...

Cloporte bleu
...un virus dont la famille est si ancienne qu’on a retrouvé des cloportes bleutés fossilisés dans de l’ambre!

 Un isopode terrestre de teinte bleutée dans l'ambre du Myanmar du Crétacé précoce qui pourrait être infecté par le virus iridescent des isopodes.

Je vous recommande aussi le visionnage de cette fantastique vidéo de Deep Look


Et bien entendu la lecture de cette BD de la promotion 2022 du blog Culture Biologique Numérique au titre plus qu'évocateur : Le Cloporte s'inscruste assez.

Les coulisses :

Comme vous êtes très sages, voici un petit aperçu des coulisses avec le storyboard de l'épisode signé Aliciane :













Mais aussi un dessin original de porc des grottes :

Le Format :
Cet épisode appartient à la catégorie Noms pas si communs.
Le concept : Derrière des mots très communs, l’étymologie révèle son lot de surprises !

Crédits :
Écriture : Aliciane Guitard et Pierre Kerner
Illustration, Animation et Montage : Aliciane Guitard
Voix Off : Pierre Kerner
Musique : Robin Sebe
Relecture : Éléonore Bellot
Production : Cairn (Guilhem Brouillet et Pauline Racz)
Community Manager : Morgane Petit
Avec le soutien du CNC (fond d'aide aux créateurs vidéos sur Internet - CNC Talent)
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